03.10.2016 | L’ECHO | Par Didier Béclard
“Tristesses” sacré meilleur spectacle de Communauté française
Le jury des Prix de la Critique a choisi la pièce d’Anne-Cécile Vandalem tandis que Marielle Morales et Claudio Stellato reçoivent la même distinction, respectivement pour la danse et le cirque.
>Le Théâtre National a fait salle comble ce lundi soir pour la remise des Prix de la Critique qui récompense le meilleur du théâtre, de la danse et, pour la première fois, du cirque, de la saison 2015-2016. Cette unique reconnaissance des artistes de la scène en Communauté française qui existe, sous différents noms et formes, depuis 1952, attire tous les “professionnels de la profession” jusqu’à la ministre de la Culture Alda Greoli.
Dans son intervention, Alda Greoli a évoqué le nouveau décret “Arts de la scène” et ses différentes implications pour le secteur. Secteur qu’elle a rassuré en soulignant que le conclave budgétaire qui s’est terminé ne prévoit pas de nouvelles coupes dans le budget de la Culture. Elle a également évoqué avec son homologue Sven Gatz l’appel à projets communs entre les deux communautés, dont la date limite de remise est fixée au 15 octobre.
La présence des deux ministres communautaires visait également à saluer l’audace et rendre hommage aux deux lauréats du Prix Bernadette Abraté, Jean-Louis Colinet et Jan Goossens, les anciens directeurs respectivement du Théâtre National et du KVS (Koninklijke Vlaamse Schouwburg). Avant de partir sous d’autres cieux, Naples pour le premier, Marseille pour le second, les deux hommes ont tissé des liens importants entre les deux institutions bruxelloises. Leur collaboration active est devenue un exemple et un symbole positif pour Bruxelles et, au-delà, pour la politique culturelle des deux communautés.
Pour la troisième fois seulement dans l’histoire des Prix de la Critique, le jury a décerné cette année un prix spécial à Milo Rau. Le metteur en scène suisse (qui donc n’entre pas en compte dans les différentes catégories réservées à des artistes “relevant” de la Communauté française) a présenté au Théâtre Varia dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts “Five Easy Pieces”, une pièce qui évoque l’affaire Dutroux et qui est jouée par sept enfants âgés de 8 à 13 ans. Loin de tout fantasme, de tout sensationnalisme, de toute provocation, Milo Rau a fait l’événement avec une pièce intelligente emplie de finesse et de respect sur ce traumatisme qui frappa la Belgique. Le jury a tenu à saluer l’audace, la réussite et la pertinence de cette démarche.
Théâtre, danse et cirque
Si les délibérations du jury donnent parfois lieu à d’houleuses discussions, c’est quasi à l’unanimité que “Tristesses” d’Anne-Cécile Vandalem a été désigné Meilleur spectacle. L’intrigue politico-policière, avec Anne-Cécile Vandalem dans le rôle principal, est une œuvre ambitieuse qui mélange cinéma et théâtre dans une esthétique très épurée. Les autres nominés de cette catégorie étaient “Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu”, du Nimis Groupe, “Cold Blood”, de Jaco Van Dormael, Michèle Anne De Mey et Thomas Gunzig.
La discussion fut plus passionnée pour désigner le meilleur spectacle de danse. Le délicieux “Rushing Stillness” de Marielle Morales créé au festival In Movement aux Brigittines a été préféré – ce n’était pourtant pas évident – à “Happy Hour” de Mauro Paccagnella et “Simplexity” de Thierry De Mey. Dans cette pièce, Marielle Morales impose le ralenti et joue sur nos perceptions du monde et du temps qui passe.
Face à “Jet-lag” de la Compagnie Chaliwaté et “Poivre rose” de la Compagnie Poivre rose, c’est à “La Cosa” de Claudio Stellato que revient l’honneur du premier prix du Meilleur spectacle de cirque de l’histoire des Prix de la Critique. Ce spectacle époustouflant en forme de mythe de Sisyphe met en scène quatre hommes en costume, quatre stères de bois et quatre haches.