#Arctique

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[#FDA18 | INSTAGRAM – UNE JOURNÉE – UN ARTISTE] Mercredi 27 juin, suivez #annececilevandalem Das Fräulein Kompanie https://www.instagram.com/festivaldavignon/ #arctique est un polar d’anticipation sur fond de guerre climatique dans lequel sept personnages vont être pris au piège d’une manœuvre destinée à les faire disparaître. 18-24 JUIL #lafabrica #theatre #FDA18 Festival d’Avignon #guerreclimatique #rechauffementclimatique #groenland #expedition #thriller #arctique
 

 

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22.02.2018 | IOGAZETTE | Christophe Brianchon

 

Errance du temps

 

C’était au mois de janvier, il y a deux ans. Anne-Cécile Vandalem créait « Tristesses », nous laissant alors la découvrir, elle et le destin de son œuvre, aujourd’hui entourée d’un succès dont on craignait qu’il ne l’assomme. C’était bien mal la connaître.

 
« Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre », elle est revenue, celle que le petit monde du théâtre européen attendait tant, avec pour point de départ, toujours, cette ville de Bruxelles, de laquelle la pièce s’en est allée déjà pour une tournée qui s’annonce une fois encore inhumaine. Mais alors, que reste-t-il de cette si belle tristesse, qui était celle de ceux qui restent quand plus rien ne subsiste ? L’enfer des larmes, toujours, mais bien plus encore. De l’Arctic Serenity, ce bateau errant dans les eaux du pôle Nord, naufragé par deux fois et symbole de l’incapacité des hommes à apprendre de leurs erreurs, le spectateur voit bien plus ici que la tristesse de ceux qui l’habitent. De l’Homme, définitivement déclaré incapable, l’auteure et metteuse en scène s’extrait pour nous laisser assister à un spectacle bien plus ambitieux encore : celui de la désertification du monde, que plus rien d’autre n’habitera que les erreurs du temps passé.
 
De l’Homme au Monde, comme un double processus de rejet de l’autre et de croyance en une seule chose : le Théâtre. Car c’est peu dire qu’il en faut, de l’ambition et de la foi pour penser que sur les planches d’un plateau peut se refléter la destinée d’un monde entier. Il en faut, et ce d’autant qu’Anne-Cécile Vandalem fait le choix de n’en rien montrer sur la scène, et de faire se dérouler la totalité de la pièce en un huis clos dont on ne pourra s’extraire que par un procédé scénographique déjà utilisé chez Ivo van Hove dans « Kings of War », mais dont l’utilisation se révèle ici peut-être plus belle encore, quand le hors-champ de la scène, filmé en direct et projeté, explique aux spectateurs le fruit du comportement des hommes et les raisons de leur fuite. De ce hors-champ s’échappe alors une certitude : cette arche de Noé des temps modernes dérive sur les eaux du royaume de ce qui n’est plus et ne sera plus jamais.
 
À l’image des neiges éternelles de l’Arctique, plus rien ne subsiste ici que cette boue devenue la matière même de nos larmes, qui colle aux pieds pour mieux nous rappeler à chaque pas que l’idée même du futur est en train de fondre sous nos yeux. Une idée à laquelle viennent se confronter à plusieurs reprises les élans de croyance en un possible des personnages de ce drame, et en particulier du groupe de musiciens, qui occupent le fond du plateau comme pour nous interpeller alors qu’ils posent cette question simple : « Anyone ? » Parce que oui, y a-t-il quelqu’un, tout de même, pour essayer une dernière fois ? Pour essayer de nous faire pardonner cette faute originelle que l’on traîne depuis tant de siècles, qui nous amène aujourd’hui à reproduire les comportements de cette gourmandise égoïste qui déjà en son temps faisait disparaître l’Éden et mourir Caïn ? C’est donc bien que, malgré le désert qu’elle nous montre, Anne-Cécile croit certainement encore un petit peu, allez savoir… Reste qu’au terme de ce voyage d’une élégance scénographique et dramaturgique rare ne subsistera que ce bateau de malheur qui, tel le passé qui n’est plus, ne cessera de

 
 
> iogazette.fr

 

 

 

31.01.2018 | rtbf | Dominique Mussche

 

“Arctique”, thriller politique sur fond de guerre climatique

 

Arctique : Une fable d’anticipation sur fond de guerre climatique

 

La perspective d’une nouvelle création d’Anne-Cécile Vandalem suscite toujours une curiosité passionnée. Auteure, metteuse en scène, un peu scénographe et souvent actrice dans ses propres pièces, la directrice de la compagnie Das Fraülein nous a rarement déçus. Depuis Zaï Zaï Zaï en 2003, elle a construit au fil des années un univers singulier qui mêle théâtre et cinéma, et où la scénographie, loin d’être un simple décor, joue un rôle essentiel dans la dramaturgie. Tristesses, son dernier spectacle, a conquis un large public bien au-delà de nos frontières et continue à tourner.
 
“Depuis toute petite, je suis attirée par le Grand Nord”, nous dit Anne-Cécile Vandalem, et “une image n’a eu de cesse de me hanter : celle de ma propre mort sur la banquise”.Ce Grand Nord, elle l’avait déjà en partie exploré dans Tristesses, sombre chronique d’un village danois sur fond de polar politique. Cette fois, elle met le cap plus loin encore, au Groenland, et élargit la dimension politique.
 
Sous nos yeux se déploie le fastueux salon de l’Arctic Serenity, un ancien bateau de croisière de luxe qui a heurté une plateforme pétrolière dès son inauguration en 2017. Nous sommes à présent en décembre 2025 ; après des années en cale sèche, il sera tracté jusqu’au Groenland pour être transformé en hôtel cinq étoiles. Nous y verrons embarquer six passagers clandestins, invités à participer à la traversée : il y a notamment le passeur et sa complice (Guy Dermul et Epona Guillaume), une veuve portant les cendres de son mari (Mélanie Zucconi), une ministre incognito (Véronique Dumont) et un prétendu acteur en repérage (Jean-Benoît Ugeux). Frédéric Dailly, Eric Drabs, Philippe Grand’Henry, Zoé Kovacs et Gianni Manente apparaîtront plus tard. Mais qui les a convoqués, et dans quel but ? Qui sont-ils vraiment et quelles sont leurs intentions en montant à bord ? Peu à peu seront dévoilés le dessous des cartes et les enjeux politiques de cette fable d’anticipation : d’ici quelques années, imagine la metteuse en scène, du fait du réchauffement climatique le Groenland sera redevenu le pays qu’il était avant l’ère glaciaire, et donc une terre à cultiver, un sous-sol à exploiter et des paysages pour attirer les touristes. Mais comment empêcher la mainmise des grandes puissances sur ces richesses ? Et comment préserver le pays d’une surexploitation ?
 
Sur base de ces passionnantes questions d’écologie, Vandalem tisse un thriller complexe dont tous les personnages s’avèrent liés d’une manière ou d’une autre au nœud du problème et au passé tragique de l’Arctic Serenity. Non moins complexe, l’esthétique mise en œuvre par cette passionnée de scénographie, et déjà testée dans Tristesses. Le salon du navire n’est que la partie visible du décor; dès qu’ils en franchissent les portes, les acteurs sont filmés par des caméras dans les couloirs, les cabines ou sur le pont du paquebot. Ces images, projetées sur un écran du salon, nous dévoilent non seulement la face cachée des passagers, mais aussi, sous forme de flash-backs, les alliances, les trahisons et les conflits anciens qui ont motivé leur présence sur ce bateau en 2025. Une prouesse technique inouïe, véritable moteur de l’intrigue, qui, en juxtaposant le dehors et le dedans, mêle aussi les temporalités.
 
Clin d’œil au Titanic, un trio de musiciens participe à la reconstitution fantasmatique du luxueux vaisseau jadis accidenté. Malgré le sérieux du propos, Vandalem cultive en effet le second degré et ne se prive pas de nous faire sourire en accentuant les travers de ses personnages ou le comique de certaines situations, comme cette multiplication des révolvers passant d’une main à l’autre sans qu’on sache toujours pourquoi, qui donne parfois à cette folle aventure un côté “Tintin au Groenland”.
 
Au final, on n’est que partiellement convaincus par ce nouveau thriller politique : si Vandalem parvient à créer une atmosphère, si le sujet abordé est rigoureusement documenté et si le système de caméra hors-champ parfaitement maîtrisé ouvre des perspectives intéressantes, la complexité du propos et des moyens utilisés crée parfois des longueurs et des confusions.

 
> rtbf.be

 

visite au Théâtre National
 

 


 

26.01.2018 | demandezleprogramme | Catherine Sokolowski

 

Le Groenland, dernier Eldorado

 

Après l’immense succès de « Tristesses » qui se déroulait au Danemark, « Arctique », la nouvelle création d’Anne-Cécile Vandalem, explore les territoires du Groenland, l’auteure ayant toujours été attirée par le Grand Nord. Nous sommes en 2025 et, à bord du paquebot Arctic Serenity pour son dernier voyage, ce n’est pas « La croisière s’amuse » ! Rapidement largué par son remorqueur, le bateau dérive sur la mer glacée. A bord, quelques passagers clandestins fuyant une Europe en guerre. Dense et complexe, ce thriller politique interpelle dans un décor digne des meilleurs réalisateurs cinématographiques, Anne-Cécile et sa compagnie « Das Fräulein » n’hésitant pas à se singulariser par quelques longueurs assumées.

 
Le Groenland est une ancienne colonie danoise qui a repris certaines compétences tout en restant un pays constitutif du Danemark. Nous sommes en 2025 et le Groenland, riche de ses réserves minières et pétrolières, rêve d’indépendance. Suite au réchauffement climatique, cette île offre de nouvelles opportunités et les mers qui l’entourent deviennent plus praticables, notamment par l’ouverture du passage Nord-Ouest. Du point de vue écologique, l’utilisation de ces richesses ne peut qu’accélérer le processus d’altération du pays, ce qui explique l’activisme écologique très présent.

 
Dans un contexte de guerre généralisée en Europe, le Groenland apparaît donc comme une terre d’accueil. Quatre passagers montent clandestinement à bord de l’Arctic Serenity, remorqué pour une ultime traversée avant d’être transformé en hôtel de luxe. L’ex-première ministre du Groenland, un journaliste, une ancienne activiste cataplectique et une veuve transportant les cendres de son mari sont accueillis par un passeur et une mystérieuse jeune fille. Obligés de voyager ensemble, ces personnages qui ont tous un lien avec l’avenir du Groenland, apprennent à se connaître.

 
Les décors sont fabuleux, l’atmosphère d’un paquebot est parfaitement recréée et agrémentée d’une touche insolite comme la présence d’un orchestre live surmonté d’une banderole « We love global warming ». A l’instar de « Tristesses », les scènes qui se déroulent dans d’autres parties du bateau sont filmées, donnant une profondeur supplémentaire au spectacle. Alors que dans « Tristesses », le spectateur assistait simultanément au tournage et à la projection, ici, il ne bénéficie que de la projection, les images étant filmées à l’arrière des décors, dans une scénographie reproduisant les autres endroits du bateau.

 
Dans cette ambiance de terrorisme et de convoitise se déroule une autre histoire, celle qui entoure la mort de Mariane Thuring, activiste décédée quelques années plus tôt, lors du précédent voyage de ce bateau. Le paquebot avait alors heurté une plateforme pétrolière provoquant une énorme catastrophe écologique. Depuis, on raconte qu’un fantôme erre sur le bateau.

 
Après « Tristesses », « Arctique » est le second volet d’une trilogie qui explore les côtés sombres de l’humanité. Alors que le réchauffement climatique donne de l’espoir au Groenland, il pourrait accélérer sa chute. A n’en pas douter, un certain pessimisme réaliste entoure les œuvres d’Anne-Cécile Vandalem, qui semble vouloir alerter. Dans cette dernière création, on retiendra les décors, l’ambiance, les touches d’humour, une certaine extravagance (un ours affamé !), la maîtrise technologique et cette militance intrinsèque. Certains pourraient trouver le spectacle trop long ou trop complexe. Chacun jugera ce choix délibéré de l’auteure. Mais dans tous les cas, il s’agit d’une œuvre à voir et à apprécier, n’est pas Anne-Cécile Vandalem qui veut !
 
> demandezleprogramme.be

 

 

 

25.01.2018 | Le Vif | Estelle Spoto

 

Anne-Cécile Vandalem toujours plus au Nord

 

Avec Arctique, Anne-Cécile Vandalem orchestre un thriller polaire en huis clos sur un bateau. L’isolement et le froid poussent une poignée de voyageurs clandestins de demain dans leurs derniers retranchements. La barque est chargée, mais le voyage est savoureux.

 
On l’attendait au tournant après le succès fulgurant de Tristesses (toujours en tournée). L’auteure et metteuse en scène Anne-Cécile Vandalem reprend dans Arctique le concept de décor monumental à double-fond où le spectacle qui se déroule sur scène est complété d’un film tourné en live dans la partie invisible et projeté sur un écran géant surmontant le tout. L’effet de surprise est donc passé. Mais la maîtrise époustouflante du procédé reste. D’autres éléments ont été repiqués: des secrets enfouis qui resurgissent de manière violente, une coloration politique générale, des apparitions de fantômes et des musiciens qui interviennent en live, renforcés par les comédiens qui se font chanteurs à l’occasion. On y retrouve d’ailleurs deux d’entre eux: Jean-Benoit Ugeux, toujours parfait dans les personnages sans gêne, ici en “acteur dramatique” travestissant la réalité dans le récit qu’il en fait à son dictaphone au vu et au su des autres protagonistes, et Epona Guillaume, 16 ans, autre fidèle d’Anne-Cécile Vandalem (présente dans ses spectacles depuis Habit(u)ation, en 2010), en passeuse mystérieuse.
 
Nous sommes en 2025, dans un luxueux navire qui n’a jamais vogué suite à un accident, tracté vers le Groenland, terre de toutes les promesses (air encore pur, emplois, paix…) dans un futur proche apocalyptique. Se retrouvent dans l’un des grands salons du paquebot six passagers clandestins aux motivations plus ou moins avouables, aux identités plus ou moins fausses et aux passés plus ou moins troubles. Une chaîne de trahisons, vengeances et révélations va se déployer dans cette embarcation qui tangue (pas facile à intégrer au jeu des acteurs) avant de se retrouver prisonnière de la glace (il faut alors simuler le froid, pas facile non plus). En s’intéressant au Groenland, Anne-Cécile Vandalem a choisi un territoire concentrant bien des enjeux pour le XXIe siècle (géostratégiques, énergétiques, touristiques, éthiques…) et elle leur donne une place dans sa fiction d’anticipation, parfois au chausse-pied et au risque de complexifier l’intrigue à outrance. Mais l’ensemble reste à flot et offre plusieurs moments d’anthologie, comme quand la nature reprend ses droits dans le bateau, flirtant avec le gore dans une séquence visuellement ahurissante.
 

> Levif.be

 

 

25.01.2018 | l’Echo | Valérie Colin

 

“Arctique”, le vaisseau fantôme d’Anne-Cécile Vandalem

 

Bienvenue sur l’Arctic Serenity. Anne-Cécile Vandalem, qui avait déjà décliné son amour du Grand Nord dans “Tristesses” vient d’engendrer un nouveau monstre scénique.
 
Les ampoules crépitent, un air glacial rampe sous les portes à hublots: vidée de son faste et de ses fêtards, la salle de bal du vieux navire ne jette plus qu’une lumière blafarde sur le tapis sauge de sa longue estrade. Autour de quelques tables encore nappées, des seaux à champagne culbutés: hormis les rats, rien ne bouge, ici, depuis dix ans…
 
C’est pourtant là que s’infiltrent, avec leur barda de trekkeurs improvisés, quatre premiers passagers clandestins: une ex-terroriste écologiste cataplectique, un journaliste véreux, une ministre destituée et une veuve trimbalant dans une boîte à biscuits les cendres de son mari. Tous ont embarqué incognito, ou sous de fausses identités, par l’entremise d’un passeur et d’une jeune fille étrange et menaçante, qui parlent russe.
 

Se connaissent-ils? Ont-ils des comptes à régler? Leur passé semble lourd, et l’affaire apparemment compliquée. La faim et le froid les rongent, autant que le remords, comme l’angoisse née du grincement lugubre des chaînes du paquebot, et des vents catabatiques propres à l’océan Arctique, qui ne cessent de siffler sur le pont. Avant que l’on comprenne ce qui dresse les uns contre les autres, dans cette ultime croisière, un rideau s’ouvre qui laisse place à un orchestre live…
 

Bienvenue sur l’Arctic Serenity, bateau dérivant qui n’a de serein que le nom! Anne-Cécile Vandalem, qui avait déjà décliné son amour du Grand Nord dans “Tristesses”, et dont le triomphe en Avignon, à l’été 2016, a généré une tournée européenne toujours en cours, vient d’engendrer un nouveau monstre scénique.
 

Même s’il appartient à la dramaturge de la dompter encore un peu, “Arctique”, cette bête sauvage entre théâtre et cinéma, qui mêle si incroyablement les genres – le burlesque, l’espionnage, le thriller, le huis clos, le music-hall –, doit sa redoutable efficacité au recours constant à deux caméras mobiles, qui filment en direct des parties du rafiot construites en coulisses (couloirs, ascenseur, cabines, salle des machines) et dont les images, projetées au-dessus de la scène, éclaircissent un récit sillonné de réflexions politiques, écologiques et climatiques.
Acteurs excellemment “givrés”
 

Cette fable d’anticipation (l’action se déroule en 2025) jouit bien sûr aussi de l’extraordinaire puissance de frappe de ses acteurs, tous excellemment “givrés”. Quand l’action se déroule à la fois sur l’écran et sur le plateau, suscitant des émotions simultanées contradictoires, le public, soumis durant deux heures trente (sans pause) aux trivialités, aux rires et aux peurs profondes, plonge lui aussi dans la schizophrénie du moment. Dehors, le permafrost. Dedans, l’enfermement – et parfois aussi un ours blanc vorace –, qui mène très vite à la folie. Entre les deux, ces airs de Tom Waits et d’Irma Thomas, portés par la voix chaude d’une ado en fuseau rouge, formidablement inquiétante.
 

Époustouflant!
 

> lecho.be

 

 

 

25.01.2018 | lalibre.be | Marie Baudet

 

“Arctique”, thriller politique sur fond de guerre climatique

 

Anne-Cécile Vandalem injecte économie, écologie et géopolitique dans sa nouvelle création, au National.

Comme dans les pièces précédentes de Das Fräulein (Kompanie), le décor occupe largement le plateau. Jusque dans les zones invisibles de la salle, scénographiée avec soin pour les scènes filmées. Un procédé semblable, quoique exposant davantage la technique cinématographique, était utilisé dans “Tristesses” (Prix de la critique du meilleur spectacle 2015-2016), création précédente et succès fulgurant – qui continue d’ailleurs de tourner, avec des dates prévues jusqu’en 2020 – d’Anne-Cécile Vandalem. L’intrigue, très marquée par la politique, se déroulait sur une île danoise.
 

 
De longue date aimantée par le grand nord, la metteuse en scène s’est, pour “Arctique”, intéressée au Groenland, territoire constitutif du Danemark, et dont les ressources naturelles (gaz, terres rares, uranium…) sont rendues plus accessibles par les effets du réchauffement climatique. Des enjeux géopolitiques donc, mais aussi largement économiques et écologiques, assortis d’une dimension d’anticipation : Anne-Cécile Vandalem a imaginé un Goenland qui, “dans les prochaines années, serait une terre de convoitise pour les plus grandes puissances, un refuge que les Européens fuyant leurs pays en guerre tenteraient de rejoindre, un eldorado pour touristes fortunés, le dernier endroit fertile d’une planète exangue”.

Les six passagers qui embarquent sur l’”Arctic Serenity” – ancien bateau de croisière dont la première traversée, en 2015, s’est soldée par une collision et une mise à l’arrêt – sont des clandestins dont, peu à peu, on va découvrir la raison d’être à bord, en ce mois de décembre 2025.

Le passeur et son assistante (Guy Dermul et Epona Guillaume) font monter un soi-disant acteur en repérage (Jean-Benoît Ugeux), une veuve portant les cendres de son mari (Mélanie Zucconi), une ministre incognito (Véronique Dumont)…
 
Fantômes et fantasmes
 
Frédéric Dailly, Eric Drabs, Philippe Grand’Henry, Zoé Kovacs et Gianni Manente complètent la distribution. De la grande salle aux couloirs, cabines et pont du paquebot, il y a le présent de l’intrigue, et le sous-jacent, le hors-champ, tantôt parallèle, tantôt esquissant des flash-back où se révèlent les alliances et les rivalités, où se débusquent les fantômes et surgissent les fantasmes.

Abondamment documenté (terrorisme, questions de l’indépendance, Inuits) sans être documentaire, “Arctique” assume sa complexité au point de la surligner, par des longueurs notamment, parfois pesantes. Par aussi une esthétique fantasmatique, lynchéenne – des papiers peints graphiques à l’improbable trio de musiciens. De quoi nimber de mystère les questions que soulève Anne-Cécile Vandalem, tout en affirmant son style de plus belle.

 

> lalibre.be

 

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